~ Islam then and now ~
Issues among 11th c. Muslims and Christians reflect our current ones so well, that ten centuries ago may well have borne the roots of what happens today - not only our current mutual misunderstanding but also the early 2006 Danish cartoons of Mohamed, are eerily presaged by the item I bolded myself below: the more thngs change...
[UPDATE: This is an excerpt (reference at bottom) of a biography relating the encounter of Muslim and Christian solders across the Pyrenees of S France / N Spain. Originally posted early 2006 upon the Danish Cartoon incident cited above, the same happened again via YouTube video incident and similar French cartoon incident late 2012.]
"Leurs victoires [des Croisés] sont dues en partie à la division de l'adversaire qui ne fit jamais front commun contre l'ennemi mais intervint toujours, vague après vague, pour ne pas trop conforter des voisins musulmans considérés comme des rivaux. Le sommet de cet imbroglio fut la decision des califes fatimides de profiter des difficultés des Seldjoukides avec 1'arrivée des Croisés pour sortir d'Egypte, reprendre une partie de la Palestine si bien qu'en arrivant à Jerusalem les Chrétiens trouvèrent non point un gouverneur et une garnison turcs mais un gouverneur et une garnison égyptiens! À ces causes de faiblesse, il conviendra d'ajouter, le moment venu, la valeur guerrière extraordinaire de cette armée venue d'Occident qui rassemblait la fine fleur de la chevalerie du temps.
En effet, depuis la conquête musulmane, la peninsule iberique avait été, en quelque sorte, un laboratoire où s'étaient élaborées des idées toutes faites sur l'Islam. La cohabitation des deux religions dans la peninsule n'avait entraîné aucun effort, chez les chrétiens comme chez les musulmans, pour mieux comprendre l'autre. Nul ne se préoccupa par exemple de faire traduire le Coran pour avoir une juste appréciation de son contenu. Au contraire, des interprétations malveillantes, des fables se répandirent sans que quiconque n'ait cherché à les vérifier. Le résultat fut le suivant: "L'islam, dans l'Espagne du Xe siecle était devenue la figure emblématique du Mal" (J. Flori). Les Méridionaux ne manquèrent pas de faire part à leurs compagnons venus du nord de la Loire et des bords du Rhin de tout un ensemble d'idées, objectivement fausses, mais qui expliquent une grande partie de leur comportement futur, car ils les considéraient comme des vérités évidentes.
Le succès de la religion prechée par Mahomet des siècles après la venue du Christ sur la terre pouvait s'expliquer en premier lieu comme un châtiment envoyé par Dieu pour punir des Chrétiens incapables de respecter ses enseignements. Ne s'agissait-il pas même d'un signe annonçant que les temps de l’Apocalypse étaient proches ? Au-delà des portes de Fer qui, depuis Alexandre, cadenassaient le monde civilisé, s'étendait le monde de la barbarie avec ces mysterieux peuples de Gog et de Magog qui, un jour, sous inspiration du Malin, se mettraient en route, les franchiraient et détruiraient la Chrétienté dont l’invasion serait suivie de la fin des Temps. Des miniatures asturiennes ainsi que celles illustrant l’Apocalypse de Saint-Sever représentent Mahomet comme l’incarnation de la bête à dix cornes.
Une seconde interpretation était encore plus simple à comprendre par les chevaliers de la fin du XIe siècle : ils avaient affaire à une résurgence du vieil ennemi qu'étaient le paganisme et le culte des idoles. Parfois des faits réels alimentaient cette vision complètement deformée, qualifiant les sectateurs de la nouvelle religion de Mahométans, c'est-à-dire d'adorateurs de ce faux prophète dont la statue aurait été l'objet d'un culte dans leurs mosquées. En effet, il éxistait une statue colossale d'Hercule sur les bords du détroit qui portait son nom avant l'invasion musulmane. Les oiseaux qui se posaient sur elle, étaient foudroyés disait-on parce que des diables avaient été enfermés à l'intérieur, par nécromancie. Cette statue fut considerée comme une idole élevée par les conquérants à la gloire de Mahomet. Il suffisait ensuite de franchir le dernier pas, en transportant cette statue dans les mosquées. Ce fut chose rapidement faite si bien que Raoul de Caen auteur d'une Gesta Tancredi, n'hésita point a faire part de la stupéfaction de son héros qui, en entrant dans une mosquée installée sur l'esplanade du Temple à Jerusalem, aurait découvert l'idole de Mahomet, ce qui d'ailleurs lui permit après l’avoir détruite de s'approprier bijoux et or qui la couvraient ainsi que tous les autres objets précieux et plaqués recouvrant les murs. Comme toujours le faux se mêle au vrai, car effectivement des chroniqueurs arabes affirment que Tancrède fit main basse sur tout ce qui se trouvait sur la mosquée construite sur 1'esplanade du Temple de Salomon.
Devisant avec ses companions tout en chevauchant, Gaston de Béam put prendre connaissance d'une autre version faisant de Mahomet l'incarnation du mal. Il aurait simplement véhiculé une nouvelle hérésie en donnant dans le village d'Arius — ce prêtre d'Alexandrie qui au debut du IVe siècle avait été à l’origine de l'arianisme — une nouvelle interprétation hérétique s'inscrivant en faux centre les décisions du concile de Nicée (325) qui avait défini le dogme de la Trinité en affirmant que le Père, le Fils et le Saint-Esprit étaient co-éternels et co-substantiels. Les prêtres et les moines qui accompagnaient les chevaliers ne durent pas manquer d'exposer cet aspect plus théologique alors que tous s'apprêtaient à donner justement 1'assaut a cette ville de Nicée.
II était enfin, pour les Croisés, une dernière accusation qui finissait de transformer leurs adversaires en sectateurs du diable : l'Islam ouvrait la voie à tous les excès, à toutes les déviations sexuelles. En 1093, alors que la croisade était en gestation, fut mise en circulation une pretendue lettre de l'empereur byzantin dénonçant à Robert le Frison les dangers terribles que représentait l'Islam : "Ils enlèvent de nobles femmes et leurs filles et iIs en abusent à la manière des animaux... Ils commettent honteusement le pécbé de Sodome sur des homes de tout age et de tous rangs, sur les enfants, les adolescents... et ce qui est pis et plus abominable encore sur les clercs et les moines; et enfin, ô douleur! chose qui n'a jamais été dite ni entendue, sur les evêques eux-mêmes". Aux yeux de la chrétienté, la polygamie pratiquée par les Mahométans était le symbole de toutes les déviations sexuelles conduisant directement en enfer."
Their [Crusaders'] victories are due partly to the division of the enemy which never made common face against enemy, but always intervened, wave after wave, not to confront too much Moslem neighbours considered as rivals. The height of this imbroglio was the decision of the Fatamide caliphs to benefit from the difficulties of Seljukids with the arrival of Crusaders to leave Egypt, to take again a part of Palestine so that while arriving at Jerusalem the Christians did not find a Turkish governor and garrison but an Egyptian governor and garrison! For these causes of weakness, one might add, the timely and extraordinary warlike value of this army that came from Occident and gathered the flower of the knighthood of time.
Indeed, since the Moslem conquest, the Iberian Peninsula had been to some extent, a laboratory where ideas about everything on Islam had been worked out. The cohabitation of the two religions in the peninsula had not involved any effort, from Christians as well as Moslems, for better understanding each other. No one was bothered for example to translate the Koran to have a right appreciation of its contents. On the contrary, the malevolent interpretations, the fables spread themselves without anyone seeking to check them. The result was as follows: "Islam, in 10th century Spain had become the emblematic figure of the Evil" (J Flori). The Southerners did not fail to inform their companions from the north of the Loire and the edges from the Rhine of a whole set of ideas, objectively false, but which explain a great part of their future behaviour, because they regarded them as obvious truths.
The success of the religion preached by Mahomet the centuries after the arrival of Christ on earth could be explained initially like a punishment sent by God to punish Christians unable to respect its lesson. Didn't it act even of a sign announcing that times of the Apocalypse were close? Beyond the Iron doors which, since Alexandria, locked the civilized world, the world extended from cruelty with these mysterious people of Gog and of Magog which, one day, under inspiration of Malin, would get under way, would cross them and destroy the Christendom whose invasion would be followed end of time. Asturian miniatures and those illustrating the Apocalypse of Saint-Sever represent Mahomet like the incarnation of an animal with ten horns.
A second interpretation was even simpler to include/understand by the knights of the end of the 11th century: they dealt with a resurgence of the old enemy which were paganism and the worship of idols. Sometimes real facts fed this completely distorted vision, qualifying these sectarians of the new religion as Mohamedans, i.e. admirers of this false prophet whose statue would have been the object of a worship in their mosques. Indeed, there was a colossal statue of Hercules on the edge of the straits which bore its name before the Muslim invasion. The birds which were landed on it, were struck down apparently because devils had been locked up inside by necromancy. This statue was considered an idol raised by the conquerors to the glory of Mahomet. It was then enough for a leap of imagination, to transpose this statue into mosques. It happened quickly and Raoul of Caen author of Gesta Tancredi, did not hesitate to share his amazement of his hero who, while entering a mosque built on the esplanade of the Temple of Jerusalem, would have discovered the idol of Mahomet, which also allowed him then to have destroyed and stolen jewels and gold plating like all the other invaluable and plated objects covering the walls. As always the forgery mixes with truth, but indeed the Arab chroniclers affirm that Tancrede took all that was on the mosque built on the esplanade of the Temple of Solomon.
In discussion with his companions while travelling, Gaston de Béam learned of another version making of Mahomet the incarnation of the evil. It's a new heresy would simply have come from the village of Arius - this priest of Alexandria which at the beginning of 4th century had been at the origin of the Arianism - a new interpretation of heretics falsely registered at the center of decisions at the council of Nicea (325), which had defined the dogma of the Trinity by affirming that the Father, the Son and the Holy Spirit were co-eternal and co-substantial. The priests and the monks who accompanied the knights wouldn't have missed exposing this more theological aspect when all were on the point of attacking this town of Nicea precisely.
It was for the Crusaders a last charge that finished transforming their adversaries into sectarians of the devil: that Islam opened the way to all excesses, with all the sexual deviations. In 1093, whereas the crusade was in gestation, was put in circulation an alleged letter of the Byzantine emperor denouncing to Robert of Friese the terrible dangers which I' Islam represented: "It removed noble women and their daughters and it misused them to the manner of animals... They shamefully sodomise men of any age and rank, on children, teenagers... and what is and worse still on clerics and monks; and finally, ô pain! the worst thing that was ever heard, on bishop themselves ". In the eyes of Christendom, the polygamy practised by Mohamedans was the symbol of all the sexual deviations leading directly in hell.
Chapitre II - Gaston de Béarn: un croisé exemplaire. pp. 53 – 54, in: Quand l’Islam était aux portes des Pyrénées - de Gaston IV le croisé à la croisade des albigois (XIe – XIIIe siècles), When Islam was at the gates of the Pyrenees - from Gaston IV the Crusader to the Albigensian Crusade (11th - 13th c.), Pierre Tucoo-Chala,, Terre de hommes du sud - J&D Éditions, Biarritz, 1994.